En finir avec l’éducation carcérale et la castration du désir

Par Raoul Vaneigem

Avertissement aux écoliers et lycéens - R. Vaneigem

Hier encore instillé dès la petite enfance, le sentiment de la faute élevait autour de chacun la plus sûre des prisons, celle où les désirs sont emmurés. Pendant des millénaires, l’idée d’une nature exploitable et corvéable à merci a condamné au péché, au remords, à la pénitence, au refoulement amer et défoulement compulsif la simple inclination à jouir de tous les agréments de la vie.

Quelle devrait être la préoccupation essentielle de l’enseignement? Aider l’enfant dans son approche de la vie afin de lui apprendre à savoir ce qu’il veut et à vouloir ce qu’il sait; c’est-à-dire à satisfaire ses désirs, non dans l’assouvissement animal mais selon les affinements de la conscience humaine.

L’inverse s’est produit. L’apprentissage s’est fondé sur la répression des désirs. On a revêtu l’enfant d’angéliques habits sous lesquels il n’a cessé de faire la bête, une bête dénaturée de surcroît. Comment s’étonner que les écoles imitent si bien, dans leur conception architecturale et mentale, les maisons de force où les réprouvés sont exilés des joies ordinaires de l’existence?

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