Les enfants ont le droit d’être entendus et les adultes le devoir de les écouter
Par Thomas Hammarberg
Thomas Hammarberg est Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe. Cette intervention a été donnée dans le cadre d’un événement organisé à Varsovie le 20 novembre 2007.
Henryk Goldszmit, qui écrivait sous le pseudonyme de Janusz Korczak, est le père de l’idée selon laquelle les enfants ont aussi des droits, des droits humains. Sa pensée a profondément influencé la rédaction de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Certains d’entre nous, qui ont participé aux travaux d’élaboration de ce traité durant dix longues années, ont été inspirés par sa vision de l’enfant en tant qu’individu à part entière, et non en tant que simple objet appartenant aux adultes.
On a dit de Korczak – lorsque l’antisémitisme le contraignit à abandonner son rôle de «Docteur à la radio» quelques années avant la seconde guerre mondiale – qu’il était doté d’une rare aptitude à s’adresser aux enfants comme s’ils étaient des adultes, et aux adultes comme s’ils étaient des enfants. Il comprenait ces deux groupes de personnes et a donc agi comme interprète entre eux, en donnant la priorité à la jeune génération.
Son message portait essentiellement sur le respect des enfants, le respect de leur valeur intrinsèque en tant qu’êtres humains, mais aussi le respect de leurs capacités et de leurs compétences. Cette foi qui l’animait s’est également manifestée dans la vie quotidienne de cette maison d’accueil pour enfants, et, dans les dernières années de sa vie, dans l’orphelinat du ghetto de Varsovie.