Le souci interdisciplinaire de la maîtrise de la langue

Quand deux individus parlent ensemble  et qu’à la fin de leur entretien aucun des deux n’est différent de ce qu’il était au début, alors ils n’ont pas parlé l’un avec l’autre, tout au plus ont-ils échangé des mots ».
Erich FROMM.

 

Permettre l’expression libre : un devoir éducatif et citoyen.

L’apprentissage de la langue, écrite et orale, n’est pas du seul ressort du cours de français. Utilisées dans tous les domaines de l’existence, les pratiques langagières sont particulièrement sollicitées à l’école dans les apprentissages, et doivent être encouragées, sous toutes leurs formes (désaccords, dénonciations, aveux, confidences…) sans confondre cependant la liberté d’opinion et de critique avec le droit de tenir des propos irresponsables. Si la liberté d’expression des enfants fait partie des droits fondamentaux que les adultes doivent accorder à l’enfant (cf. ratification de la CIDE par la France en 1990), elle doit être le souci permanent de l’Ecole, la préoccupation quotidienne des adultes, enseignants, éducateurs, citoyens, et être l’objet d’un travail interdisciplinaire constant, tant moral que linguistique.

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Écoute, petit homme ! (extrait 7)

Écoute, petit homme ! (extrait 7)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P135 à P137

Comme tu menaces toute vie, comme il est impossible de s’en tenir en ta présence à la vérité sans recevoir un couteau dans le dos ou de la merde dans la figure, j’ai pris mes distances. Je le répète : je me suis éloigné de toi mais non de ton avenir. Je n’ai pas abandonné l’humanité, mais ton inhumanité et ta bassesse.

Je suis toujours disposé à consentir des sacrifices pour la vie agissante, mais plus pour toi, petit homme ! Il y a peu, je me suis rendu compte que j’ai commis pendant vingt-cinq ans une erreur immense : je me suis dépensé pour toi et ta vie parce que je croyais que tu étais la vie, le progrès, l’avenir, l’espoir. D’autres personnes animées de la même droiture et de la même véracité pensaient également trouver la vie en toi. Toutes ont péri. L’ayant compris, j’ai décidé de ne pas me laisser tuer par ton étroitesse d’esprit et ta bassesse. Car il me reste des affaires importantes à régler. J’ai découvert la vie, petit homme. Je ne peux plus longtemps te confondre avec la vie que j’ai sentie en toi et cherchée en toi.

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Écoute, petit homme ! (extrait 6)

Écoute, petit homme ! (extrait 6)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P128 à P130

Tu es lâche, tu as toujours été lâche. Tu tenais le bonheur de l’humanité entre tes mains, tu as tout gaspillé. Tu as mis au monde des Présidents, tu leur as donné ta mentalité mesquine. Ils se font photographier et reproduire sur des médailles, ils sourient en permanence, mais ils n’osent appeler la vie par son nom, petite fille de la Révolution ! Tu portais le monde dans tes mains, et tu as lâché des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki ; à vrai dire, c’est ton fils qui les a lâchées. Tu as lâché ta pierre tombale, petite femme rongée par le cancer. Avec une seule bombe, tu as expédié dans le silence du tombeau ta classe et ta race toute entière. Car tu n’as pas eu assez de sentiments humains pour lancer un avertissement aux hommes, aux femmes, aux enfants d’Hiroshima et de Nagasaki. Tu n’as pas eu la grandeur d’âme d’être humaine ! C’est pourquoi tu disparaîtras silencieusement, comme une pierre s’enfonçant dans l’océan. Peu importe ce que tu penses ou dis maintenant, petite femme qui a mis au monde des généraux idiots. D’ici cinq cents ans on se moquera de toi, on s’étonnera. Qu’on ne le fasse pas déjà aujourd’hui est une des preuves de la misère de ce monde !

[…]

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Écoute, petit homme ! (extrait 5)

Écoute, petit homme ! (extrait 5)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P110 à P111

Tu n’es pas le peuple petit juge ; c’est toi qui méprises le peuple, car tu ne songes même pas à défendre les droits du peuple; ce qui seul t’intéresse, c’est ta carrière. Cela, beaucoup de grands hommes l’ont dit ; mais évidemment tu ne les as jamais lus. Je respecte le peuple, car je prends d’énormes risques en lui disant la vérité. Je pourrais jouer au bridge avec toi ou raconter des plaisanteries « populaires ». Mais je ne m’assieds pas avec toi à la même table. Car tu es un mauvais défenseur de la « Déclaration des Droits du Citoyen ».

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Écoute, petit homme ! (extrait 4)

Écoute, petit homme ! (extrait 4)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P98 à P102

Tu vas assumer le gouvernement du monde et cette idée te fait trembler de peur. Pendant des siècles, tu assassineras tes amis et tu porteras aux nues les Führer de tous les peuples, de tous les prolétaires et de tous les Russes. Des jours durant, des semaines durant, des années durant, tu salueras un maître après l’autre ; tu n’entendras pas le vagissement de tes bébés, tu ne te soucieras pas de la misère de tes adolescents, de la nostalgie de tes hommes et femmes, et si jamais tu entends leurs plaintes, tu les traiteras de bourgeois individualistes. Pendant des siècles, tu verseras du sang là où il faudrait protéger la vie, et tu t’imagineras que tu instaures la liberté en te faisant aider par tes bourreaux ; par conséquent, tu ne sortiras jamais du bourbier. Pendant des siècles, tu suivras le rodomont, tu seras sourd et aveugle quand LA VIE, quand TA VIE fera appel à toi. Car tu as peur de la vie, petit homme, très peur. Tu l’assassineras au nom du « socialisme », de l’Etat, de « l’honneur national », de la « gloire de Dieu ». Mais il y a une chose que tu ne sauras pas, que tu ne voudras pas savoir : que tu es le propre artisan de ton malheur, que tu le produis tous les jours, que tu ne comprends pas tes enfants, que tu leur brises les reins avant même qu’ils aient la force de se tenir debout ; que tu voles l’amour ; que tu prends un chien pour être toi aussi le « maître » de quelqu’un.

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Écoute, petit homme ! (extrait 2)

Écoute, petit homme ! (extrait 2)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P66 à P69

Voilà comment tu es, petit homme ! Tu es capable de ramasser, de dévorer et de puiser, mais tu es incapable de créer. C’est pourquoi tu es ce que tu es, c’est pourquoi tu passes ta vie dans un bureau devant une machine à calculer ou devant une planche à dessin, à t’ennuyer à mort, ou affublé d’une camisole de force conjugale, ou à instruire des enfants que tu détestes. Tu es incapable d’évoluer, de concevoir une pensée nouvelle, car tu n’as jamais rien donné, mais fait que prendre ce que d’autres t’ont présenté sur un plateau d’argent.

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L’éducation à la sexualité

L’éducation à La Sexualité par Philippe BRENOT – Que sais-je?

Philippe BRENOT est Directeur d’enseignement en sexologie à l’Université de Paris 5

Introduction

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Car une dimension éducative à la sexualité ne se limite certainement pas à un corps de connaissance sur l’anatomie, la physiologie de la fécondité ou même le physique de l’amour, mais envisage la nature et la valeur de nos relations avec les autres, le sens de l’intimité de nos comportements et l’acceptation de la sexualité dans toutes ses implications biologiques, psychologiques, sociologiques, ou encore morales.

On peut également rappeler qu’il a toujours existé une éducation à la sexualité, adaptée à son lieu et à son temps, que l’on soit en milieu traditionnel ou plus récemment en milieu urbain. Cette éducation a toujours pris en compte les valeurs culturelles et sociales du groupe dans lequel elle s’exprimait, jusqu’au XIXe siècle en Occident où la répression des pulsions sexuelles a été suivie d’une absence de discours sur la sexualité, silence coupable qui perdure encore à la fin du XXe siècle. Devant cette carence parentale, et du fait de l’évolution rapide des valeurs morales, une éducation sexuelle informelle puis institutionnelle s’est mise en place. Elle est aujourd’hui une nécessité qui requiert l’engagement de tous, parents, éducateurs, enseignants, pour l’épanouissement des enfants et des adolescents.

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L’évolution de l’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires

L’évolution de l’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires
De « l’information sexuelle » à l’égalité entre les filles et les garçons

Véronique Poutrain, chercheuse associée à l’UMR Telemme (MMSH Aix-en-Provence)

L’éducation à la sexualité est une composante de la construction de la personne et de l’éducation du citoyen. À ce titre, depuis 1973, l’école envisage une éducation à la sexualité dont l’objectif est de permettre aux élèves d’adopter des attitudes de responsabilité individuelle et sociale. Les objectifs de cet article sont pluriels. Il s’agit, d’une part, de suivre l’évolution de cette éducation à la sexualité à l’école tout en considérant, d’autre part, sa dimension politique et polémique. Dans les deux cas, l’analyse de l’évolution de l’éducation à la sexualité sera nourrie par des extraits d’archives de journaux de la presse quotidienne qui permettront de mesurer la teneur des débats.

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L’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées

CIRCULAIRE N°2003-027 DU 17-2-2003

ENSEIGNEMENTS ÉLÉMENTAIRE ET SECONDAIRE

L’évolution des mentalités, des comportements, du contexte social, juridique et médiatique dans le domaine de la sexualité, ainsi que des connaissances scientifiques liées à la maîtrise de la reproduction humaine a conduit les pouvoirs publics à développer l’éducation à la sexualité en milieu scolaire comme une composante essentielle de la construction de la personne et de l’éducation du citoyen.
Dans le cadre de sa mission d’éducation et en complément du rôle de premier plan joué par les familles, l’école a une part de responsabilité à l’égard de la santé des élèves et de la préparation à leur future vie d’adulte : l’éducation à la sexualité contribue de manière spécifique à cette formation dans sa dimension individuelle comme dans son inscription sociale.

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La fonction de l’orgasme selon Wilhelm Reich (1897-1957)

La fonction de l’orgasme selon Wilhelm Reich (1897-1957)

http://www.cairn.info

Joël Bernat

JOËL BERNAT est psychanalyste, membre de l’Association psychanalytique de France et de l’Association psychanalytique internationale. Ses travaux actuels portent sur les théories de la sexualité.

joel.bernat.at.free.fr

de 1919 à 1930 environ, Freud voyait en Reich un excellent élève, prometteur, qu’il protégeait des attaques des autres analystes. Lorsque Reich lui remit son premier livre, La Fonction de l’orgasme (Reich, 1970), Freud s’exclama : « Si gros que ça ! » Exclamation révélatrice : Freud a étudié la sexualité, mais jamais l’orgasme, tant cela devait lui sembler un phénomène secondaire qui conclut l’activité…

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Comment bien traiter la sexualité des enfants

« Les enfants ne peuvent pas être effrayés par la sexualité et l’intimité. Ceci ne signifie pas que les enfants ne doivent pas être informés au sujet de l’exploitation sexuelle. Aujourd’hui, toutefois, nous devons trop souvent constater que les enfants sont d’abord informés sur ce qui peut mal tourner dans une relation (sexuelle) avant d’être informés correctement sur la sexualité et l’intimité en général.

Constamment, d’ailleurs, les enfants indiquent eux-mêmes le manque troublant d’informations suffisantes et de qualité. Une interprétation positive de la sexualité et de l’expérience sexuelle peut aider les enfants à faire mieux et plus vite la différence entre ce qu’ils veulent réellement eux-mêmes et ce qui risque de leur être imposé. »

(Rapport final de la commission nationale contre l’exploitation sexuelle des enfants 23.X.1997)

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