À quoi travaillent les lettres et la philosophie ?

Ce texte fut proposé à des élèves de seconde à l’occasion de l’élection, parmi l’ensemble des spécialités qui leur sont offertes, de celle qui flatte leur nature, satisfait leurs besoins, s’affirme chez eux comme ce qu’il y a de plus goûtu.

C’est ainsi que leur fut présenté et, en quelque sorte, mis en scène par l’effet d’une figuration esthétique, donc vivante, la spécialité Humanités, littérature et philosophie.

Suite à quelques observations relatives à la partie intitulée, « Du Cogito ergo sum au Sum, existo, ce savoir au fondement de tous les autres : la vie », j’ai souligné et éclairci un certain nombre de points qui pouvaient paraître obscurs. J’en ai profité, dans la foulée, pour donner davantage de corps à la conclusion.

Ajout au 7 décembre 2021 de notes de bas de page afin d’alléger quelque peu l’ensemble ainsi que, une dernière fois, quelques précisions qui ne bouleversent nullement cet ensemble aux passages d’ores-et-déjà indiqués.

Corrections et nouvelles précisions ou reformulations au 28 avril 2022.

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Les cultivateurs de tristesse

31 octobre 2016

Pour que la joie soit le mode essentiel d’existence de la vie

Ce texte, dans son extrait, peut être lu ci-après. Toutefois, en raison de sa longueur c’est-à-dire de la gêne que peut occasionner sa lecture avec comme support un écran, je le propose en téléchargement:

Les cultivateurs de tristesse – vers. 31.10.2016. Extrait.

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Écoute, petit homme ! (extrait 7)

Écoute, petit homme ! (extrait 7)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P135 à P137

Comme tu menaces toute vie, comme il est impossible de s’en tenir en ta présence à la vérité sans recevoir un couteau dans le dos ou de la merde dans la figure, j’ai pris mes distances. Je le répète : je me suis éloigné de toi mais non de ton avenir. Je n’ai pas abandonné l’humanité, mais ton inhumanité et ta bassesse.

Je suis toujours disposé à consentir des sacrifices pour la vie agissante, mais plus pour toi, petit homme ! Il y a peu, je me suis rendu compte que j’ai commis pendant vingt-cinq ans une erreur immense : je me suis dépensé pour toi et ta vie parce que je croyais que tu étais la vie, le progrès, l’avenir, l’espoir. D’autres personnes animées de la même droiture et de la même véracité pensaient également trouver la vie en toi. Toutes ont péri. L’ayant compris, j’ai décidé de ne pas me laisser tuer par ton étroitesse d’esprit et ta bassesse. Car il me reste des affaires importantes à régler. J’ai découvert la vie, petit homme. Je ne peux plus longtemps te confondre avec la vie que j’ai sentie en toi et cherchée en toi.

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Écoute, petit homme ! (extrait 6)

Écoute, petit homme ! (extrait 6)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P128 à P130

Tu es lâche, tu as toujours été lâche. Tu tenais le bonheur de l’humanité entre tes mains, tu as tout gaspillé. Tu as mis au monde des Présidents, tu leur as donné ta mentalité mesquine. Ils se font photographier et reproduire sur des médailles, ils sourient en permanence, mais ils n’osent appeler la vie par son nom, petite fille de la Révolution ! Tu portais le monde dans tes mains, et tu as lâché des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki ; à vrai dire, c’est ton fils qui les a lâchées. Tu as lâché ta pierre tombale, petite femme rongée par le cancer. Avec une seule bombe, tu as expédié dans le silence du tombeau ta classe et ta race toute entière. Car tu n’as pas eu assez de sentiments humains pour lancer un avertissement aux hommes, aux femmes, aux enfants d’Hiroshima et de Nagasaki. Tu n’as pas eu la grandeur d’âme d’être humaine ! C’est pourquoi tu disparaîtras silencieusement, comme une pierre s’enfonçant dans l’océan. Peu importe ce que tu penses ou dis maintenant, petite femme qui a mis au monde des généraux idiots. D’ici cinq cents ans on se moquera de toi, on s’étonnera. Qu’on ne le fasse pas déjà aujourd’hui est une des preuves de la misère de ce monde !

[…]

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Écoute, petit homme ! (extrait 5)

Écoute, petit homme ! (extrait 5)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P110 à P111

Tu n’es pas le peuple petit juge ; c’est toi qui méprises le peuple, car tu ne songes même pas à défendre les droits du peuple; ce qui seul t’intéresse, c’est ta carrière. Cela, beaucoup de grands hommes l’ont dit ; mais évidemment tu ne les as jamais lus. Je respecte le peuple, car je prends d’énormes risques en lui disant la vérité. Je pourrais jouer au bridge avec toi ou raconter des plaisanteries « populaires ». Mais je ne m’assieds pas avec toi à la même table. Car tu es un mauvais défenseur de la « Déclaration des Droits du Citoyen ».

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Écoute, petit homme ! (extrait 4)

Écoute, petit homme ! (extrait 4)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P98 à P102

Tu vas assumer le gouvernement du monde et cette idée te fait trembler de peur. Pendant des siècles, tu assassineras tes amis et tu porteras aux nues les Führer de tous les peuples, de tous les prolétaires et de tous les Russes. Des jours durant, des semaines durant, des années durant, tu salueras un maître après l’autre ; tu n’entendras pas le vagissement de tes bébés, tu ne te soucieras pas de la misère de tes adolescents, de la nostalgie de tes hommes et femmes, et si jamais tu entends leurs plaintes, tu les traiteras de bourgeois individualistes. Pendant des siècles, tu verseras du sang là où il faudrait protéger la vie, et tu t’imagineras que tu instaures la liberté en te faisant aider par tes bourreaux ; par conséquent, tu ne sortiras jamais du bourbier. Pendant des siècles, tu suivras le rodomont, tu seras sourd et aveugle quand LA VIE, quand TA VIE fera appel à toi. Car tu as peur de la vie, petit homme, très peur. Tu l’assassineras au nom du « socialisme », de l’Etat, de « l’honneur national », de la « gloire de Dieu ». Mais il y a une chose que tu ne sauras pas, que tu ne voudras pas savoir : que tu es le propre artisan de ton malheur, que tu le produis tous les jours, que tu ne comprends pas tes enfants, que tu leur brises les reins avant même qu’ils aient la force de se tenir debout ; que tu voles l’amour ; que tu prends un chien pour être toi aussi le « maître » de quelqu’un.

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Écoute, petit homme ! (extrait 3)

Écoute, petit homme ! (extrait 3)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P85 à P96

Sais-tu, petit homme, ce que ressent un aigle qui a couvé des œufs de poule ? Tout d’abord, il pense qu’il va faire éclore de petits aigles qu’il élèvera et dont il fera de grands aigles. Mais les petits aigles se révèlent bientôt de petits poussins. L’aigle, désespéré, veut néanmoins en faire des aigles. Mais il ne voit autour de lui que des poules qui caquettent. Alors, l’aigle a beaucoup de peine à réprimer son désir de dévorer tous ces poussins, toutes ces poules. Ce qui te retient, c’est le faible espoir que parmi tous ces poussins se trouvera peut-être un petit aigle qui, en grandissant, deviendra un grand aigle comme lui-même, explorant à partir de son aire de nouveaux mondes, de nouvelles idées, de nouvelles formes de vie. C’est ce faible espoir qui empêche l’aigle triste et solitaire de dévorer les poussins et les poules. Mais ces derniers ne se rendent même pas compte que c’est un aigle qui les élève. Ils ne remarquent même pas qu’il vit sur une aiguille de rocher, au-dessus des vallées brumeuses et sombres. Ils se contentent de manger ce que l’aigle leur apporte au nid. Ils se réchauffent et se mettent à l’abri sous ses ailes chaudes quand sévissent l’orage et la tempête qu’il brave sans la moindre protection. Quand l’ouragan souffle trop fort, ils se sauvent et lui lancent de loin de petits cailloux aigus pour le blesser. Quand l’aigle voit cette méchanceté, son premier réflexe est de les anéantir. Mais en réfléchissant il finit par les prendre en pitié. Il ne perd pas l’espoir que parmi les poussins caquetants, picorants et myopes, il se trouvera un petit aigle capable de devenir un jour un grand aigle comme lui.

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La barbarie

Par Michel Henry

Préface à La barbarie, octobre 2000,

Ce livre est parti d’un constat simple mais paradoxal, celui d’une époque, la nôtre, caractérisée par un développement sans précédent du savoir allant de pair avec l’effondrement de la culture. Pour la première fois sans doute dans l’histoire de l’humanité, savoir et culture divergent, au point de S’opposer dans un affrontement gigantesque-une lutte à mort, S’il est vrai que le triomphe du premier entraîne la disparition de la seconde. Lire la suite

Le chant des funambules 2015 – Naissance

En prison, avant l’écriture, il y a la confiance. En l’avenir de leurs mots, en leurs possibles, la confiance de ceux qui écrivent.

Depuis plus d’un an, je m’assois parmi eux quelques heures. J’ouvre le portillon de leur jardin et avec moi, ils apprivoisent l’espace grand ouvert à portée de main et leur regard sur eux-même. Les promenades en soi s’apprennent, de semaine en semaine.

En prison, je suis créatrice de confiance et de vie.

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Fragments

Article rédigé par Gaëlle Lainé suite à un entretien avec Marie-christine Gaudin.

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J’ai choisi le thème de la Deuxième Guerre et de la déportation pour des raisons politiques. Je refuse que quelqu’un impose son ordre. Je veux faire partie des gens qui s’opposent à ça.

Ne jamais se laisser dicter une pensée.

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J’ai emmené plusieurs fois des jeunes en Pologne au camp d’extermination d’Auschwitz. Nous avons été accompagnés de survivants.
Je suis très sensible à cette période de l’Histoire durant laquelle il s’est passé quelque chose de très important : l’extermination d’un peuple.
Je me sens porteuse de cette responsabilité. Que tous aient conscience de ce qu’il s’est passé et que tous travaillions à ce que cela ne se reproduise plus.

Le film « la vie est belle » permet une prise de conscience de l’horreur du nazisme. Il est touchant aussi. Il y a un clown et une histoire entre un père et son fils.

Mes parents ont vécu ce moment d’Histoire. Mon père habitait Granville. Il a commencé une résistance avant d’être arrêté par les Allemands. Pendant le bombardement de Saint-Lô où ma mère habitait, des membres de ma famille sont morts.

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