Écoute, petit homme ! (extrait 7)

Écoute, petit homme ! (extrait 7)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P135 à P137

Comme tu menaces toute vie, comme il est impossible de s’en tenir en ta présence à la vérité sans recevoir un couteau dans le dos ou de la merde dans la figure, j’ai pris mes distances. Je le répète : je me suis éloigné de toi mais non de ton avenir. Je n’ai pas abandonné l’humanité, mais ton inhumanité et ta bassesse.

Je suis toujours disposé à consentir des sacrifices pour la vie agissante, mais plus pour toi, petit homme ! Il y a peu, je me suis rendu compte que j’ai commis pendant vingt-cinq ans une erreur immense : je me suis dépensé pour toi et ta vie parce que je croyais que tu étais la vie, le progrès, l’avenir, l’espoir. D’autres personnes animées de la même droiture et de la même véracité pensaient également trouver la vie en toi. Toutes ont péri. L’ayant compris, j’ai décidé de ne pas me laisser tuer par ton étroitesse d’esprit et ta bassesse. Car il me reste des affaires importantes à régler. J’ai découvert la vie, petit homme. Je ne peux plus longtemps te confondre avec la vie que j’ai sentie en toi et cherchée en toi.

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Écoute, petit homme ! (extrait 6)

Écoute, petit homme ! (extrait 6)

Écoute, Petit Homme !

Par Wilhelm Reich, Écoute, petit homme!, Petite Bibliothèque Payot, traduit par Pierre Kamnitzer, 2002, P128 à P130

Tu es lâche, tu as toujours été lâche. Tu tenais le bonheur de l’humanité entre tes mains, tu as tout gaspillé. Tu as mis au monde des Présidents, tu leur as donné ta mentalité mesquine. Ils se font photographier et reproduire sur des médailles, ils sourient en permanence, mais ils n’osent appeler la vie par son nom, petite fille de la Révolution ! Tu portais le monde dans tes mains, et tu as lâché des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki ; à vrai dire, c’est ton fils qui les a lâchées. Tu as lâché ta pierre tombale, petite femme rongée par le cancer. Avec une seule bombe, tu as expédié dans le silence du tombeau ta classe et ta race toute entière. Car tu n’as pas eu assez de sentiments humains pour lancer un avertissement aux hommes, aux femmes, aux enfants d’Hiroshima et de Nagasaki. Tu n’as pas eu la grandeur d’âme d’être humaine ! C’est pourquoi tu disparaîtras silencieusement, comme une pierre s’enfonçant dans l’océan. Peu importe ce que tu penses ou dis maintenant, petite femme qui a mis au monde des généraux idiots. D’ici cinq cents ans on se moquera de toi, on s’étonnera. Qu’on ne le fasse pas déjà aujourd’hui est une des preuves de la misère de ce monde !

[…]

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Bref propos sur le règlement intérieur de l’école primaire Paul Langevin

Lettre à M. le Recteur et M. le Directeur académique

RI Paul Langevin 1 RI Paul Langevin 2

Un règlement, quel qu’il soit, a pour objet non de créer le cadre des relations entre des individus mais précisément de leur rendre possible cette création. Il appartient aux individus de se faire créateurs de leur relation. Il ne peut, en effet, s’en tenir qu’à des propositions générales qui, par définition, sont insusceptibles de créer du particulier tout autant que de régir directement ce particulier. Il objective et borne un champ des possibles dans la perspective d’une raison objective et instrumentale selon les situations qui se présentent dans les interactions entre les individus en ce sens que tantôt ces relations peuvent nécessiter une réflexion sur le choix des moyens et du résultat que l’on souhaite et que l’on se donne d’atteindre, tantôt une réflexion centrée sur le seul objectif à atteindre nécessitant l’application d’un unique moyen.

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