Blanc et Noir, photographies

Arbre

Sans bruit
Sans vie humaine
Rien qu’une bouffée de fumée grise

Au bout du temps parcouru dans la vie
On finit toujours solitaire

Leya

Un arbre solitaire
Un arbre sans feuilles
Un arbre dans le vide
A l’intérieur de tes racines glacées
J’entends tes poumons vibrer.
Dans la nuit ténébreuse je t’ai vu, arbre maudit
Une dernière fois je t’ai entendu respirer
Ton cœur a fait boum boum comme une dynamite.

Lorenzo

Séché par la chaleur, seul dans le vide, l’arbre est planté dans le sable en feu comme dans l’été hors du monde.

Kevin

Le vent souffle en moi, ciel partagé en deux. Les nuages flottent en reculant dans des odeurs mélangées qu’on ne connait pas. Je ferme les yeux et je tombe. Paysage à compléter, pâle, sec, glacial, mes pensées ne sont pas regroupées.

Khulan

L’arbre est mort dans le vent froid
Ses racines étouffées tremblent
Noir il tombe dans le trou bleuté de l’automne

Dans le vide il n’y a pas un bruit

Anaïs

Rose croix

Il pleuvait
J’entendais ton silence et je sentais ton odeur chaque jour, minute par minute, seconde par seconde
Le meilleur souvenir que j’ai eu de toi c’est que tu étais là pour moi
Rose du cœur esprit de la rose
Je te dis au revoir mais maintenant c’est trop tard

Néo

La mort réveillée t’a emporté il y a longtemps. Un coup de vent et tu as disparu. Je ne m’en souviens pas, je sais juste quand et comment. Tu t’occupais si bien de ta famille perdue. Ta place est dans mon cœur accidenté.

Chloé

Posée en douceur sur la tombe
La noirceur de la rose entre dans la lumière libérée
Les hurlements de peur frôlent mon visage.

Chloé

A côté de mes pieds il y a une tombe
Croix blanche
Ton ombre glisse sur ma joue

J’entends les battements de ton cœur quand je murmure mes secrets
Ici il n’y a qu’une seule pluie

Repose en paix

Camille

Rose rouge
Il fait sombre
La mort coule
J’ai peur

Jordan

Tombe blanche Rose rouge
La couleur des souvenirs que moi seule peut entendre
Tu cries, ta voix se déchire
Je m’assois

Le parfum de tes yeux et de tes cheveux
La douceur de tes gestes
Ton regard profond
Ton caractère de feu

Je dois rester forte pour la famille
Alors le soir avant de me coucher, je m’effondre sur le sol
J’aimerais crier jusqu’à déchirer ma voix
Tombe blanche Rose rouge

Coraline

La rose hurle dans le noir profond. Personne ne l’entend.

Noa

épave

Je me souviens du bruit des vagues heurtant les rochers et le sable sec, je me souviens de la pluie perforant le ciel d’orage. Les nuages pèsent les sons feutrés de mes souvenirs incomplets, des faibles lueurs traversent le ciel épais dans le calme. Solitude amie, épave sur le sable.

Gabin

Le bateau est mort
Au milieu des dunes à perte de vue
La vie peut être vide

Rémy

Rochers

Une île de pierres noyée dans l’obscurité turquoise, les vagues bleues se jettent sur les roches parsemées d’étoiles.

Mohamed

La brume épaisse couvre d’ombre la mer
Le souffle du vent avale les vagues sourdes et les rochers coquillages
Profondeur infinie obscure et sombre

Tristan

Il y a des roches dans la mer et un ciel très sombre. Il fait froid. Le vent caresse ma peau douce. Personne n’est allé jusque-là. Les rochers sont gros à perte de vue. J’entends la mer murmurer dans mes oreilles fragiles.

Corentin

La plage est déserte. Les oiseaux s’en vont et parlent entre eux. Les vagues tapent sur les roches bleues.

Hajar

ponton

Assis sur un banc, je regarde le ciel nappe de coton, mes pieds vacillent dans l’étang. Derrière moi, un lit de fleurs framboise recouvre le soleil. Je m’endors dans l’enfilade des solitudes.

Dylan

Pont interminable
Trace de libération
L’avenir malheureux nous hante chaque jour
Laissons derrière nous les cicatrices du passé

Carla

Les vagues douces et sucrées frappent le bois.
Le ponton du bonheur mène à la guérison.

Margot

La feuille de papier blanche effleure la mer calmement. On ne voit pas le soleil à travers le ciel lumineux, il est éteint. Les vagues silencieuses s’échouent sur la plage.
Pour combler le vide, il y a un pont, seul .

Amélie

Le pont crie la révolte, il veut changer la couleur du monde. Quand la buée gagne, le soleil s’éteint et une larme percute notre visage dans un bruit sourd.

Coralie

Un obstacle, voilà ce que tu es, une cicatrice qui barre mon chemin. Tu es sombre et sans odeur, le seul bruit que tu dégages est le silence, un silence interminable. Je reste là, assise sur le pont en regardant le ciel sans couleur, je plonge mes mains dans l’eau.
On ne voit même plus le soleil.

Victoria

Ligne de fuite au bout du temps suspendu
La trace ouverte enjambe l’aquarelle,
Quand la buée assomme l’existence à coups de glaise
Le métal amer coule entre les doigts.

Il n’y a pas d’incertitude au-delà des jours gris gravés sur la peau.

Gaëlle

Bougie

Or du monde, isolé comme un cercueil de bois sec, le jour qui a marqué notre vie est faible. Ton absence fait le silence à petit feu. Tu n’as jamais disparu. Et cette lumière est un espoir, comme si quelqu’un y croyait encore.
Cette bougie, c’est moi.

Marion

Elle flotte… qui ? La lueur d’espoir, regarde, elle flotte dans le temps, elle est passée où tout a commencé.
Elle a vu la préhistoire, la révolution, elle a vu des gens qui rêvaient d’un monde meilleur, elle a vu des gens qui voulaient donner un sens au mot liberté, elle a vu des guerres sans but.
Elle a vu la barbarie.
L’humanité s’éteint.

Brandon

Maisonettes

Les vagues se hissent sur la plage. Devant les cabanes alignées posées sur la plage abandonnée. Le soleil se couche.

Sarah

Maison mont

L’église perchée sur la falaise allait s’écrouler dans la mer flamboyante.
La lune brille dans le ciel lumineux.

Sihem

Longuevue

La mer voile les nuages qui crépitent
Tout est calme
Il n’y a que les murmures de l’eau pâle

Dans l’illusion du jour
Cette journée est trop belle pour être vraie

Théo

Les rayons de la lune illuminent le ciel salé
L’eau sucrée inonde le sable
Le silence crève le gémissement des oiseaux

Célia

Bébé

J’ai dans ma vie….
La plus grande richesse du monde…
Dans mon cœur j’ai un trésor…
Dès que je l’ouvre….
Les plus belles étoiles qui s’y trouvent…
Brillent comme des lingots d’or….
Quoi de plus beau pour un père….
D’être le plus riche sur terre….
Quand il porte en lui….
La plus belle des merveilles….
Qui sont ses bijoux….
Sa chance magnifique, son enfant.

Dan

L’odeur du bébé me murmure une chanson. Son sourire est rose, il est tombé dans un profond sommeil salé.

Amal

Ses yeux sont fermés, reflet posé sur le temps glacial. Dehors l’hiver est là, il s’agite, il crie le silence. Alors je pose délicatement ma main sur son visage et ses yeux condamnés par le sommeil. Je sens son petit souffle enlacer ma joue. Chut, il dort…

Loane

Le bourdonnement turquoise de la mer
Ombre la lune électrique
Le gris des nuages heurte le ciel
L’eau coule aux pieds de l’enfant

Nora

Le soleil s’est levé depuis sa naissance
Maintenant tout commence dans le cœur couleur framboise de sa maman
La vie devient lumière

On essayera toujours de porter son bébé loin du noir

Elodie

Les rayons de soleil bercent la plainte douloureuse de l’enfant qui a mal, son ombre reflète l’âme de la vie éternelle sur sa peau blanche.

Adheline

L’enfant est pâle, il est malade, il souffre
Ses larmes coulent sur sa peau douce
Il faut le bercer, le câliner, le rassurer
La souffrance de l’enfant est là parce qu’il fait sombre
C’est l’hiver, il fait froid, il a peur

Julie

Ses yeux sont fermés

C’est étroit

Une lumière heurte ses mains

Naissance

Typhène

épave 2

Le bateau nait d’un arbre qui meurt sous le ciel de coton. Un jour, abandonné dans le blanc des dunes, il découvre l’odeur du vieux bois et de la solitude.

Esteban

Echouée sur la terre une petite fille plane.
Dans sa main elle a un papier au cœur brisé.
Le ciel est bleu, l’esprit inondé de solitude, elle est perdue.
Elle porte un poids, elle est épuisée.
Elle va franchir la barrière de la page.

Anne-Elysabeth

Dune

La brise souffle sur ma joue. Elle chuchote un parfum de clarté. L’obscurité des buissons cache le large paysage, le soleil d’été embrasse les herbes. Elles ne veulent pas qu’on sache cette vérité. J’avance dans le sable clair, il brûle mes pieds.

Océane

Quai

J’attends le train seule, une ligne blanche devant moi raconte une histoire, je suis figée dans le temps. La mélodie de l’histoire est tragique, un accident, du feu, c’est ce que je lis sur les rails. Je suis une âme perdue qui ne trouve pas son chemin pour passer de l’autre côté. Je reste là, allongée sur le sol, en attendant. Un jour peut-être le train passera.

Maëva

Chaises

Les arbres roux longent la route
Assis sur les éclats de brique de l’ancienne grange
Les oiseaux viennent picorer dans nos mains
Le parfum de tes racines

Je veux que tu les entendes

Kyllian

Graffiti

Graffiti dans l’usine abandonnée
La mer en colère déchire le ciel comme des taureaux noirs qui se battent pour celle qu’ils aiment
Les orages noirs dépliés d’obscurantisme se noient dans le ciel
Odeur amère de la mer
Les gémissements des oiseaux crient à la mort.

Gabin

Un jeune tague les murs de la cité. Alors qu’il fait nuit, ce jeune tagueur ne peut vivre que de sa peinture.

Alexis

Les oiseaux ont perdu leur chemin. L’obscurité les étouffe, les mauvais souvenirs leur font mal aux oreilles. Le passé sec et glacé n’a pas rendu leur vie meilleure.

Rafaël

Libération
Aux aurores où le son
N’existerait plus
Accompagné d’une douceur bleue
Devant une image d’oiseaux nuageux
Migrant vers une destination
Inconnue
Où je les rejoindrais
Pour devenir comme eux
De semaine en semaine
Je profiterais
De la pure douceur
Voyageant sur un ciel orangé

Anthony

Phare

La mer recouverte de buée cotonneuse accompagne les roches au paysage lointain, nuages tendres mystérieux.

Pierrick

Les nervures noires de la brume inondent la glace
Livré aux vivants j’éclaire les rocs calcinés
Les hommes trépassent dans le bleu ciel
A l’ombre de mes échos et sous le vent ardent
Je me souviens de leurs rides

Gaëlle

Avec l’aimable autorisation d’Olivier Rault – olivierrault.com

Atelier d'écriture

« Blanc et Noir, photographies » est un projet littéraire et théâtral. Dans le cadre de l’atelier d’écriture que je mène conjointement au collège et dans le quartier des hommes de la maison d’arrêt de Caen, 50 élèves et 10 personnes en détention ont écrit à partir des images du photographe Olivier Rault. Du premier manuscrit au dernier tapuscrit, l’écriture a nécessité six heures de travail sur table.

Gilbert Decosse, comédien, metteur en scène et professeur de théâtre, a ensuite dirigé les élèves dans un travail de mise en voix et de mise en scène. Les textes écrits en détention, anonymes, ont été lus en voix off par Gilbert Decosse et moi-même. Ils seront publiés ultérieurement après avoir reçu la validation de l’administration pénitentiaire.

La restitution du projet a eu lieu le mardi 15 décembre 2015 au collège, en présence d’Olivier Rault. Captation de Corinne Lebrun.

Elaboration de la mise en scène et répétition plateau, Gilbert Decosse.

Travail de lecture, Gilbert Decosse et Gaëlle Lainé

Les deux classes de Quatrième avec Olivier Rault

3 réflexions sur “Blanc et Noir, photographies

  1. Des textes fabuleux, des rencontres exceptionnelles, une expérience inoubliable, une journée hors du temps, mille merci à vous tous pour ces instants de convivialité.
    À très bientôt.
    Olivier.

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